Genie civil, Pont sur le Rhône

 

Fruit de plus de vingt années d’études et de négociations, le tracé de la route cantonale H144, reliant la rive française du Léman à l’autoroute A9, inclut quatre ouvrages d’art dont celui qui franchit le Rhône au lieu-dit Les Evouetttes. Dans ce site où le paysage alluvionnaire du Chablais rencontre l’horizontale du grand lac, l’installation d’un pont de quatre-cent-cinquante mètres devient un geste fort qui tend presqu’à la notion de Land Art. Posée à quelques mètres d’un sol hétérogène, cette grande architecture horizontale interagit de manière forte avec l’environnement constitué de champs et de talus, d’une route et d’une voie de chemin de fer ou encore du canal Stockalper puis du fleuve alpin. Ici c’est un béton teinté qui compose la matérialité du pont, afin d’inscrire une ligne rouge dans le territoire.

L’unité de la forme, qui exprime la répartition des efforts statiques mis en jeu, permet d’enjamber de manière raisonnée les irrégularités du lieu par une augmentation progressive de la portée. Le passage du Rhône est ainsi intégré dans cette logique mathématique, basée sur un principe de courbes harmoniques où l’effort maximum se fond naturellement dans la cohésion de l’ouvrage d’art. La plasticité à facettes du tablier répond à la courbe des moments calculée par l’ingénieur civil. D’un point de vue statique, l’ouvrage est conçu comme une coque qui exprime la transition des efforts en accrochant la lumière de manière particulière.

 

 

 

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